27 Février 2015
La question « Manuel Valls est sous influence juive ? » à Roland Dumas faisait référence à son épouse Anne Gravoin. Jean-Jacques Bourdin a été fortement critiqué pour avoir incité son invité à avouer son penchant antisémite en prononçant lui même des propos tendancieux.
Non, Jean-Jacques Bourdin n’a pas commis une faute d’éthique mais plutôt une faute légale en posant une question contenant des propos condamnables, sans clairement afficher qu’il ne s’agissait pas de son opinion personnelle mais d’une question de journaliste. Je pense qu’il a suivi sa ligne éditoriale qui couvre essentiellement l’actualité généraliste et comme le précise Marc Autherman, rédacteur en chef adjoint de BFM TV, seule la recherche de l’audience et le buzz sont privilégiés. Jean-Jacques Bourdin a un style direct et il est reconnu pour être sans complaisance. Il a délibérément cherché à faire prononcer à son invité une expression tabou depuis Vichy
Ce n’est pas comme si les auditeurs découvraient la personnalité de Roland Dumas. Jean- Jacques Bourdin l’a bien expliqué sur le plateau de Canal plus face à Ali Baddou : « Si je n'emploie pas ces mots, lui ne va pas les employer, ne pas accepter d’avouer... Moi je pose une question, je ne dis pas ‘’ je pense que Manuel Valls est sous influence juive ’’. Simplement, j'emploie les mots pour que lui accepte de les dire ». Il pense tendre un piège à M.Dumas, qui de son côté, sait qu’il ne risque rien étant donné qu’à aucun moment il ne dit que Manuel Valls est sous « influence juive », il utilise habilement « il est probable » ou « on peut le penser » ou encore « mais tout le monde est sous l’influence de quelqu’un ».
La question « Manuel Valls est sous influence juive ? » ne représente pas un piège pour Roland Dumas qui connait bien l’exercice de style puisqu’il a été un avocat en droit de la presse et de liberté d’expression. Il a parfaitement vu le guet-apens arriver. Roland Dumas entretien l’image d’un homme pro arabe et pro palestinien qui ne cache pas ses relations notamment avec Mouammar Kadhafi ou avec son son ancien ami Jacques Vergès, très engagé auprès du Front de libération nationale algérien (FLN). La Cour européenne des droits de l’Homme dit que le journaliste a le droit de mentionner des textes ou des propos à caractères raciste, antisémite, islamophobe ou de quelque nature que ce soit et même de les faire prononcer à ses interlocuteurs mais il n’a pas le droit d’exprimer une opinion personnelle pour en faire la propagande ou pour faire valoir ses opinions.
Le grand tort de Jean-Jacques Bourdin est de ne pas avoir affiché sa neutralité de journaliste au moment d’utiliser cette expression. Il a manqué de distance et s’expose à la critique sur ses propos qui finalement n’ont rien permis de révéler de nouveau.
La formulation de la question utilisée par M. Bourdin peut être interprétée comme faussement interrogative sans rien soutirer de Roland Dumas. Le projecteur reste braqué sur le journaliste.
Edwige Despres