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Journalist - Screenwriter

États-Unis : La récession au forceps 

Credit : Investment week

Credit : Investment week

 
Bien que Joe Biden évoque la possibilité d’une récession aux États-Unis, il peine à démontrer qu’elle sera sans gravité. À mi-mandat le 8 novembre prochain, le Président américain semble contraint d’adapter son discours, mais il ne convainc pas. Sa prise de parole ressemble plus à un aveux et trahit bien l’inquiétude qui règne à Washington : “S'il y a une récession, elle sera très légère, mais c'est possible, je ne l'anticipe pas” a-t-il conclu avec prudence sur la chaîne CNN. En dautres termes, si le Président ne s'attend pas à une récession, il ne peut pas non plus l'exclure. 
Comment en est-on arrivé là ?
La menace d’une récession pèse depuis plusieurs mois ; elle est alimentée par une flambée des prix, due à un affaiblissement de la production mondiale, constituant une pénurie de certaines matières premières importées. La guerre en Ukraine a largement accentué la probabilité d’une récession et a continué à faire grimper l'inflation. Et dans le "tout ou rien » de la Chine dont les ambitions restent opaques, la levée de ses restrictions sanitaires n’a fait qu’accroitre l’inquiétude.
Sur le marché de l’emploi, la Tech avait largement tiré son épingle du jeu en embauchant démesurément pendant la pandémie. Mais aujourd’hui, elle essuie le revers de la médaille ;  les milliers de recrues se font sortir à tour de bras ; des départements sont également supprimés de manière significative, notamment chez Microsoft et Amazon. Ceux qui se pensaient alors à l'abri se retrouvent aujourd’hui sur la sellette.
Que va t'il se passer ?
Le moral des ménages à flanché devant la fulgurante augmentation des prix. Et rien n’y fait, ça ne baisse pas, malgré les pressions faites sur les entreprises par le Gouvernement américain.  
Dans les signes positifs, l’indice des prix à la consommation est en baisse, puisqu’il a chuté six mois de suite jusqu'en décembre. Chez les classes moyennes comme chez les riches, on prend peu à peu conscience qu’en déjouant les règles de l’offre et de la demande, l’inflation s’affaiblit.
Côté emploi, malgré ce refroidissement, le marché du travail aux États-Unis semble s'est stabilisé ces dernières semaines. Les employés continuent de démissionner à des taux records, tandis que les licenciements fléchissent, selon le Bureau of Labor Statistics. Plus de 223.000 emplois ont été générés en décembre 2022, bien au-dessus des 200.000 prévus par les économistes interrogés par Bloomberg. Le taux de chômage est tombé quant à lui à 3,5 %, en dessous des 3,7 % prévus.
Cela démontre que les États-Unis pourraient éviter une récession en 2023. Si et seulement si, cette récession est contrôlée, elle sera sans aucun doute bénéfique sur le long terme, avec un marché du travail plus solide. En ralentissant l’inflation, les craintes d'une récession pourraient alors s'estomper.
Évidemment, lutter contre l’inflation sans casser la croissance relève du défi. Et pourtant, la Fed n’a pas d’autres solutions : pour freiner cette envolée des prix, il faut augmenter les taux d’intérêt. Elle espère ainsi ralentir la demande des consommateurs même si celà impose de grandes souffrances aux américains de la classe moyenne. Le taux d’intérêt moyen des cartes de crédit a atteint 19,04 %, taux record jamais atteint depuis trente-sept ans. Quand on sait que les américains vivent à crédit tout au long de leur vie et pour cause, pour obtenir un crédit, les banques et autres organismes financiers exigent que vous montriez un bon credit score, celui-ci reflète votre profil financier et votre capacité à rembourser vos dettes. Plus vous vivez à crédit, meilleur sont vos chances d’obtenir une carte de crédit supplémentaire ou un emprunt. Quant au taux hypothécaire, sous la barre des 3% en 2020, il taquine aujourd’hui les 7%.
Cette récession provoquée dans la douleur est sans aucun doute un coup de pouce en faveur de l’économie mondiale. Elle permettrait un rééquilibrage des prix et un assainissement des marchés financiers, enfin… jusqu’à la prochaine crise. Tout n’est qu'une question de consommation. Pendant que les institutions jouent la montre, elles n'économisent pour le moment que du temps.
 
Edwige Smague 

 

 

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