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politique

La chaise musicale hongroise

Publié le par Edwige Després

Depuis le début de la crise ukrainienne, c’est la première visite officielle de Vladimir Poutine à un chef d’État européen. Ils ont abordé les liens commerciaux qui les unissent. Viktor Orbàn, premier ministre néoconservateur hongrois ne cache pas l’admiration qu’il voue au modèle russe au risque de rendre ses choix illisibles.

Viktor Orbán, ancien dissident nationaliste, conserve une dépendance solide vis à vis de Moscou. Sur le plan énergétique, la Hongrie a signé un contrat sur le long terme avec la Russie pour la construction d’une centrale nucléaire. Déjà fortement dépendante sur l’approvisionnement de gaz naturel consommé par le pays, la Hongrie a également dévoilé lors de sa rencontre avec le Président russe, qu’elle désapprouvait les sanctions occidentales faites contre la Russie. D’un côté, Viktor Orbán n’a pas intérêt à être considéré comme le talon d’Achille de l’Europe et de l’autre, il ne peut pas se passer de la Russie compte tenu de ses enjeux économiques.

Le 14 janvier 2014, le russe Rosatom, concurrent d’Areva, a signé un contrat de modernisation du réseau de distribution électrique hongrois, de 12 milliards d’euros à l’horizon 2023. L’État russe en finance 10 milliards d’euros sur 30 ans à très faible taux d’intérêt. Cette ressource d’énergie à faible coût est un atout majeur dans la politique du leader hongrois qui a vu sa popularité augmenter grâce à ce projet.

Angela Merkel est bien venue rappeler à l’ordre Viktor Orbán sur ses obligations vis à vis de l’Europe mais Vladimir Poutine lui a emboité le pas pour s’assurer du soutien de son ami, en mesurant la part d’influence que peut exercer la chancelière sur le premier Ministre hongrois.

Le sujet qui ébranle l’Union européenne c’est la prise de position de Viktor Orbán qui va à l’encontre des sanctions contre la Russie prises par la commission européenne. Il a fait savoir que « seule la paix en Ukraine pourrait garantir le retour des bonnes relations entre l'UE et la Russie » selon le politologue András Rácz interrogé par le journal Les échos. Vladimir Poutine voit ici l’occasion de « montrer aux autres pays occidentaux qu’il dispose d’un allié au sein de l’Union européenne et de l’Otan, et que l’unité européenne n’est pas si solide ». Vladimir Poutine s’assure que la Hongrie, qui a fait le choix de l’Otan, ne viendra pas l’agresser et il le fait savoir à l’Europe. Le soutien de la Hongrie est une obligation quitte à la soumettre économiquement. Viktor Orbán a dans ce cadre affirmé à la Russie que son pays ne redistribuerait plus de gaz russe à l'Ukraine.

Le Premier ministre hongrois a toujours pris soin de rappeler à ses collègues européens qu'il n'entendait pas mettre en cause le fonctionnement de l’Union européenne. Ainsi la visite de Vladimir Poutine n'est pas présentée comme un « sommet russo-hongrois », Bruxelles estimant que de tels sommets entre un Etat membre et la Russie n'étaient pas concevables. Il s'agit donc d'une simple réunion de travail. Mais Viktor Orbán ne peut pas affirmer à l’UE qu’il est irréprochable compte tenu de sa dépendance avec la Russie, son gouvernement populiste ne lui permet pas d’avoir une ligne de conduite claire.

Le choix de l’Otan a compliqué encore la donne pour la Hongrie qui y voit peut-être le moyen de se protéger d’une éventuelle annexion de la Russie mais est aussi considéré par celle-ci comme une agression. Trop jouer dans un sens devient un handicap alors que la Hongrie aurait pu bénéficier à la fois de son statut de membre de l’UE et de l’accès à l’énergie russe.

L’objectif de cette rencontre du point de vue hongrois n’est pas de casser la solidarité euro-atlantique mais de renforcer sa compétitivité économique. Viktor Orbán ménage la chèvre et le choux , Vladimir Poutine se frotte les mains et Angela Merkel se sent prête à enlever ses gants de velours.

Edwige Després 

Publié dans Politique

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Match Obama et Poutine… Mais, où est l’arbitre ?

Publié le par Edwige Després

Et alors, cʼest qui le plus fort ?

Pour quelles raisons Poutine a t-il envahi l’Ukraine ?

D’une part, à cause de la répression et de la propagande. La mise en évidence du danger de se faire rejeter à cause de son impopularité grandissante. Les gens commencent à le mépriser, lors des grandes manifestations contre les fraudes électorales. Prendre l’Ukraine c’est agrandir son territoire et son pouvoir.

D’autre part, les membres du gouvernement du clan Poutine voudraient mettre la main sur quelques joyaux de l'économie ukrainienne, dont les mines, les terres agricoles si riches que la Russie aimerait bien exploiter à son profit et sans oublier les raisons géostratégiques. Enfin, la Russie en a les moyens et une partie de la population ukrainienne y est favorable. Économiquement, la Russie est forte. Alors quʼen 1999 lʼinstitution du FMI prévoyait un effondrement de 7% du PIB, cʼest finalement une croissance de 6,7% qui a été enregistrée. La dette publique de la Russie est faible et constante avec une prévision de 13,7% en 2014 selon la Coface. Ses points forts sont dʼabondantes ressources naturelles (pétrole, gaz et métaux), une main-dʼoeuvre qualifiée, des réserves de change confortables, une puissance régionale et énergétique affirmée. Il nʼen reste pas moins quʼelle présente de nombreuses faiblesses, lʼaccentuation du caractère rentier de lʼéconomie, le manque de compétitivité du secteur industriel, le secteur bancaire privé fragile, une démographie déclinante, des lacunes persistantes dans lʼenvironnement des affaires.

D’un point de vu militaire, la Russie reste infiniment plus puissante que les forces armées yougoslaves, irakiennes, libyennes et syriennes réunies. On ne peut pas évincer la possibilité dʼune frappe nucléaire russe. Les flottes aériennes américaines ou européennes ne pourraient pas faire face aux S-300P et V, S-400, Buk, Tor, Pantsir, Su-27 et MiG-31 de lʼarmée russe.

Et l’ONU dans tout ça ?

Sur le site des Nations Unies, on peut lire le rapport de l’assemblée générale qui dit avoir voté une résolution sur « l’intégrité territoriale de l’Ukraine » elle souligne que le référendum organisé en République autonome de Crimée et dans la ville de Sébastopol, le 16 mars, n’a aucune validité. Imperturbable, la Russie a continué de saluer un « événement véritablement historique, au cours duquel, par une écrasante majorité, la Crimée a été réunifiée à la Russie. »

Le Bon

Qu’en pense Barak Obama et quelles sont ses intentions ? Sur le principe c’est une annexion. L’envahisseur doit être sanctionné oui mais… c’est Poutine en face. Alors Il exerce un chantage de représailles économiques sur la Russie, profitant dʼun soutien absolu des gouvernements européens en leur dictant, de ne plus acheter de pétrole aux Russes, de refuser à tout prix un partage de l'Ukraine, de restreindre les exportations dans le secteur des hautes technologies.

Le statut de voisin de la Russie est un handicap pour l’Europe dont les États-Unis ne souffrent pas. Les intérêts politiques et économiques de lʼUnion européenne l’ont poussée à se placer sous autorité américaine et à suivre au mot près ce que Washington ou l’Otan décideront.

L’Europe n’a pas lʼoption de choisir ses adversaires ou ses alliés comme elle le souhaiterait ; encore moins la France, elle ne le peut pas, parce que Obama ne le veut pas. La France est trop petite pour prendre position.

La Brute

Prenons le discours de Vladimir Poutine le 4 février 2013 devant la Douma (État de l'Assemblée fédérale de la Fédération de Russie) :

«En Russie vivent les Russes. Toute minorité, d'où qu'elle soit, si elle veut vivre en Russie, travailler et se nourrir en Russie, doit parler russe et doit respecter les lois russes. S'ils se réfèrent à la Sharia, nous leur recommandons de se rendre dans les pays où la Sharia est la loi de l'Etat. La Russie n'a pas besoin des minorités. Les minorités ont besoin de la Russie, nous ne leur accorderons pas de privilèges spéciaux ou n'essayerons pas de changer nos lois pour satisfaire leurs désirs, quels que soient leurs hurlements à propos de la discrimination. Nous devons apprendre du suicide de l'Amérique, de l'Angleterre, de la Hollande et de la France si nous voulons que la Russie survive comme une Nation. »

Nous renvoyant une image de nous-même, capitularde, lâche, méprisable, grotesque. Mais dans toute caricature, sʼy cache souvent une réalité. Le fond du discours de Poutine est raisonnable, en outre sa grandeur et sa puissance lui donne les moyens de l’appliquer. Néanmoins, ces valeurs restent dangereuses dans les mains d’un tout-puissant s’il n’y a pas un contre-pouvoir pour les maîtriser.

Le Truand

Avec la Russie en son sein, lʼOccident serait plus à même de défendre ses intérêts face à lʼislamisme radical, qui se nourrit de notre faiblesse. Les Musulmans ont toujours été perçus par les Russes comme des rebelles devant faire lʼobjet dʼune surveillance particulière. lʼEtat russe attend de ses musulmans une loyauté sans faille. Lʼobligation est faite au clergé musulman de lui rendre des comptes. Les activités religieuses, les institutions religieuses et organisations politiques religieuses sont surveillées et les contacts avec les étrangers sont contrôlés dans le but de contrer les influences externes. La loi sur la liberté de conscience et sur les associations religieuses, la loi sur les partis politiques ou encore la loi pour combattre les activités extrémistes limitent les activités des organisations politiques et religieuses musulmanes, en les empêchant par exemple de fonder un parti politique sur une base ethnique et religieuse ou encore dʼavoir un statut dʼorganisation officielle. Depuis la loi sur la lutte contre le terrorisme de 2006, la répression est systématique à lʼencontre de toute personne suspectée de participer de près ou de loin à des activités liées à lʼislamisme radical. Certaines organisations de défense des droits de lʼHomme vont jusquʼà parler de détournement de la lutte contre le terrorisme et lʼextrémisme.

Un allier démocrate ou un voisin belliciste

Si l’Europe n’achète plus de gaz à son voisin russe, ça va lui coûter très cher. En ce qui concerne la France, selon Patrick Artus, directeur de la recherche et des études à Natixis et administrateur de Total, les sanctions-réactions vont avoir une influence sur le PIB qui chutera de 8 points et le nombre de chômeurs augmentera de 1,4 million.

Le gaz est le véritable talon d’Achille de l’Europe compte tenu de sa dépendance aux hydrocarbures russes. La Russie elle-même, dont l’économie est de plus en plus dépendante des exportations d’hydrocarbures, n’a aucun intérêt immédiat à fermer les robinets vers l’Europe. Elle utilise à titre de rétorsion une mesure bien plus stratégique en augmentant ses prix. L’Europe quant à elle, dispose sur ce point, d’alternatives face à ce voisin impérialiste. Elle pourrait exploiter les ressources de ses alliés démocrates. En effet, L’Amérique du nord, a exporté l’an dernier quasiment autant de gaz (12% des exportations mondiales) que le Qatar et les Emirats arabes réunis. Si la Russie reste le premier pays exportateur avec 21% du total mondial.

LʼEurope, arbitre ou dindon de la farce ?

La constitution européenne refusée par certains peuples européens comme les français en 2005 aurait fourni à l’Europe le moyen de choisir ses alliés et ses adversaires.

Elle aurait donné une réelle dimension à la commission européenne et à son Président, favorisant certainement aussi l’émergence d’une véritable puissance politique et militaire européenne. Encore une fois, la France est trop petite pour devenir cohérente et puissante. Une Europe forte aurait porté plus aisément la voix de la France qui s’égosille à vouloir faire entendre au monde qu’elle est encore dans la cour des grands.

Match Obama et Poutine… Mais, où est l’arbitre ?
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